SOS : Soyons unis, sauvons la seule oasis côtière au monde !

Résumé : l’auteur nous dresse le tableau des ravages causés par l’implantation de l’industrie chimique dans la région de Gabès en 1972, tant au niveau de l’environnement qu’à celui de la santé de ses habitants. Il énumère ensuite les différentes solutions déjà mises en place, pour ouvrir sur une prise de conscience collective qui serait destinée à restituer cette magnifique Oasis à ses habitants.

Depuis 2008, l’oasis de Gabès est intégrée et inscrite à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Gabès (قابس (est une ville Tunisienne abritant 400.000 habitants en 2011. Nichée au fond du golfe de Gabès, auquel elle donne également son nom et qui constitue une importante réserve ornithologique, elle est située à 400 kilomètres de Tunis. Gabès possède la particularité d’être à la fois une oasis et un port maritime. 1 – La pollution reste toutefois le point noir de cette région, en raison de sa zone industrielle spécialisée dans les engrais chimiques L’industrie chimique s’y est en effet implantée en 1972, ce qui a écarté toute opportunité de créer un véritable développement touristique sur le littoral. 

Selon les résultats d’une étude réalisée par le Bureau d’études Ingénierie de l’Hydraulique, de l’Equipement et de l’Environnement (IHE) avec l’Institut National des Sciences et Technologie de la Mer (INSTM), les rejets de phospho-gypse du Groupe Chimique Tunisien polluent irrémédiablement Gabès.

 
Présentée jeudi 4 octobre 2012 à Tunis,
au cours d’une journée d’information,
cette étude, axée sur la caractérisation
des milieux marins au voisinage des
usines du GCT, précise que
contrairement aux sites de Sfax et de
Skhira (gouvernorat de Sfax), les sédiments analysés autour du site de Gabès ont enregistré une forte pollution par le phosphore et la matière organique, sans parler des valeurs de métaux lourds qui dépassent considérablement les seuils admis.
 
Toutefois, cette pollution reste cantonnée dans l’aire inscrite entre le port de pêche et le port commercial de Ghannouche, relève l’étude, ajoutant qu’au Nord de cette zone, toute trace de pollution est absente tandis qu’au Sud, la pollution peut atteindre des zones relativement éloignées du point de rejet de l’usine. S’agissant de la faune, l’étude précise que le site de Gabès est dépourvu de toute présence floristique et la diversité de la macro-flore reste réduite. Les premières réapparitions de la faune commencent à partir de 2 à 3 km au large. Sur le long et le court terme, ce document recommande d’arrêter le rejet en mer du phospho-gypse, d’éloigner les autres types de rejets hydriques, outre la mise en place d’un programme de suivi complet et continu
 

Gabès Septembre 2012. Résultats de la campagne de mesure de la radioactivité sur la plage de Chatt Sidi Abd Essalam

Les conclusions des rapports d’expertises préliminaires soulignent les impacts néfastes de cette
pollution sur le tourisme, la faune et la flore, l’agriculture et la pêche dans le golfe.
Elles démontrent également que la pollution est à l’origine d’insupportables odeurs nauséabondes.

Diminution des ressources en eau potable

 

Les quantités estimées de l’eau épuisées par le GCT de nos ressources en eau souterraine, depuis 1972, à 276 litres par seconde ! Ce qui équivaut à 23.846 mètres cubes par jour ! En année sont estimées à 8.703.936 mètres cubes d’eau ! Durant les 41 ans d’activité industrielle dans la région, l’épuisement est de 356.961.376 mètres cubes d’eau ! Ceci sans tenir compte de l’épuisement engendré par la cimenterie de Gabès.

 

 

Témoignages déchirants des gens qui sont morts affectés par la pollution

Nous avons appris avec tristesse le décès de Diya Cherif le 28 Mai 2013, un enfant gabèsien de 11 ans. Il s’agit du frère de la fillette Arwa Cherif âgée de 4 ans et demi et dont sa mort est survenue le samedi 11 mai 2013 à cause d’une infection virale par le virus d’hépatite A, selon les autorités sanitaires régionales !!! Les causes de la mort de Diya sont encore inconnues.

Remarque : Selon l’Organisation Mondiale de la Santé en 2013 contrairement à l’hépatite B et à l’hépatite C, l’hépatite A n’entraîne pas de maladie hépatique chronique et est rarement mortelle, mais elle peut provoquer des symptômes débilitants et une hépatite fulminante (insuffisance hépatique aiguë), qui est associée à une mortalité élevée, ainsi que l’apparition ou la recrudescence de nouveaux problèmes de santé chez les populations concernées (cancers, allergies, asthmes, problèmes de stérilité et d’impuissance, avortements, maladies cardiovasculaires, …) victimes des maladies chroniques dont un nombre considérable de scientifiques ont réaffirmé leurs certitudes quant aux origines environnementales; Devant le silence et l’insouciance des autorités tunisiennes et la continuation des crimes contre l’Humanité et la Nature qui se passent à Gabès depuis les années 70, l’Association de Protection de l’Environnement de Gabès s’est trouvée devant la nécessité de décider la médiatisation qui permet de déposer et porter plainte contre la zone industrielle à Gabès auprès de la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

2 – Des Associations et les habitants se mobilisent

L’association internationale Greenpeace a recommandé la mise en place d’une véritable politique, afin de déménager les industries vers la Skhira, de préserver l’environnement de la ville et de nettoyer parmi d’autres sites, le golfe de Gabès.

 

L’Association de Protection de l’Environnement de Gabès : une ONG qui assume la défense des victimes de pollutions en tant qu’avocat principal se fondant sur :
– les conclusions des rapports d’experts internationaux;
– les impacts néfastes sur le tourisme, la faune et la flore, l’agriculture et la pêche dans le golfe et
surtout à l’origine d’insupportables odeurs nauséabondes;
– les témoignages déchirants des gens qui sont morts affectés par la pollution ainsi que l’apparition ou
la recrudescence de nouveaux problèmes de santé chez les populations concernées (cancers,
allergies, asthmes, problèmes de stérilité et d’impuissance, avortements, maladies cardiovasculaires,
…) victimes des maladies chroniques dont un nombre considérable de scientifiques ont réaffirmé leurs
certitudes quant aux origines environnementales.

L’affaire va prendre une envergure internationale et la médiatisation permettra alors de réunir des experts internationaux multidisciplinaires (avocat, juridique, santé,
agriculture, énergie et eau, sciences sociales, environnement et développement durable, faune et flore, …).

Après la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), une autre plainte sera
bientôt déposée auprès du Tribunal International de la Nature (TIN) afin d’arrêter
définitivement ces crimes contre la nature et de juger les responsables.

Tout ceci induit un climat social peu propice au dialogue dans la Tunisie, qui utilise la grève pour marquer son mécontentement sur certaines réformes en cours.
Ce problème est émouvant. Il m’a ému au point qu’il m’apparaît nécessaire de contribuer à une amorce de solution. Mais l’action est difficile à ce niveau de l’industrie chimique lourde et elle doit être collective.
Elle reste cependant possible et les écotechnologies peuvent apporter une solution.
En effet, jamais ce problème n’a fait autant de bruit depuis des décennies ! Et c’est grâce à Facebook, réseau social préféré des Tunisiens, que la cause a pris des proportions énormes en quelques semaines, pour en arriver aujourd’hui à une manifestation hautement civique et responsable.


Le 21 mars 2011, les habitants de Gabès ont organisé une grande marche pour appeler à des solutions radicales à la pollution provenant des activités de transformation du phosphate dans les unités du Groupe Chimique Tunisien. Ils demandent, aussi, de mettre fin à leurs souffrances et d’être indemnisés pour les dommages causés par cette industrie.

La marche a parcouru les principales artères de la ville. Elle était organisée dans le cadre de la campagne ‘pollution dégage’ à l’initiative de l’union régionale du travail et l’Association de Protection de l’Environnement de Gabès. Les participants, portaient des T-shirts sur lesquels on pouvait lire des slogans qui tiraient la sonnette d’alarme sur la pollution dans la région. D’autres ont choisi de s’exprimer par le port de masques pour décrire la qualité de l’air respiré dans la ville de Gabès. Le dossier de la pollution constitue le souci majeur de tous les habitants de Gabès et de toutes les composantes de la société civile dans la région. Un dossier qui n’a jamais bénéficié d’un véritable traitement de fond.

La transformation du phosphate dans le gouvernorat de Gabès est un des principaux facteurs de la baisse de la pêche dans le golfe de Gabès. Elle est, également, à l’origine de nombreux problèmes de santé qui n’existaient pas avant. Cette activité implique la surexploitation de la nappe d’eau et nuit, par conséquent, au secteur agricole.

Le tourisme se trouve, lui aussi, condamné dans cette région qui recèle, pourtant un riche patrimoine naturel et historique. Plusieurs actions en témoignent. – Une caravane contre la pollution à Gabès a été organisée le samedi 16 avril 2011 en vue de « sensibiliser d’avantage l’opinion nationale et les autorités compétentes sur un fléau qui ne cesse de pourrir la vie de certains de nos concitoyens ». Cette caravane qui est partie de La Fayette, a sillonné certaines artères principales de la capitale.

– Un groupe d’activistes de la société civile du gouvernorat de Gabès s’est mobilisé contre la pollution et a organisé, dans la journée du samedi 18 mai 2013, une marche protestataire devant le théâtre municipal de Tunis, appelant le gouvernement à trouver des solutions à la pollution causée par le Groupe Chimique Tunisien. Cette marche a réuni des associations, des simples citoyens, mais aussi des travailleurs dans la fameuse zone industrielle de la région, responsable de l’état désastreux des plages aux palmiers jadis bénies de Gabès. Nous n’en dirons pas plus, les associations sur place ont fait un travail énorme auprès des citoyens et des responsables, pour les alerter sur la gravité de la situation.

Le GCT jette quotidiennement à la mer 30 mille tonnes de phospho-gypse provenant de l’acide phosphorique, évoquant également les émanations gazières dangereuses pour la santé à l’instar du dioxyde de soufre et du fluor émanant de l’ICF outre l’utilisation intensive de la nappe phréatique.

Les unités industrielles ont effectivement réalisé une rentabilité économique à l’échelle nationale mais ont aussi eu des impacts négatifs sur la région de Gabès où plusieurs activités ont été touchées à savoir la pêche, l’agriculture et le tourisme. Les investisseurs sont également réticents à investir dans la zone industrielle polluée.

Les projets industriels dans la région n’ont créé que 7500 postes d’emploi tandis que le gouvernorat touristique de Nabeul, à titre d’exemple, assure 65 mille emplois.

Pollution de l’oasis de Gabès: en attente d’un miracle?

 

Il faut accélérer l’introduction de solutions techniques telles que l’aménagement d’une décharge pour le phospho-gypse, la généralisation des outils de réduction des émissions du gaz, la substitution des eaux de la nappe phréatique par l’utilisation des eaux usées recyclées et l’eau de la mer dans les usines.

 

La législation environnementale au secours des ‘Gabésiens’

Il faut inciter le gouvernement à appliquer les lois environnementales mises en place relatives à la dépollution, le respect des législations en vigueur définissant les taux maximum tolérés des pollutions hydriques que gazeuses. Il faut assurer le contrôle des unités de façon immédiate et permanente en appliquant le principe du ‘pollueur payeur’.

Les problèmes environnementaux liés à la production industrielle Gabès est pollué. Le problème n’est pas neuf certes, mais il revient régulièrement à la une des actualités, à la faveur des promesses gouvernementales, des aides internationales et des actions des ONG. Il est de plus en plus important. L’oasis sacrée fait aujourd’hui face à une pollution extrême, qui met en péril la biodiversité et la durabilité de son environnement. 

La pollution industrielle explose Après le cancer de sa mère et d’autres proches, très jeunes, qui n’avaient pourtant pas de prédispositions particulières pour développer une telle maladie, un témoin a voulu comprendre quelles étaient les causes du cancer, en s’intéressant aux industries chimiques. Car aujourd’hui on nous bombarde de 18 millions de produits chimiques, dont beaucoup se mélangent dans l’environnement pour en créer de nouveaux. Seulement 2.000 de ces produits chimiques fabriqués par l’homme ont subi une analyse toxicologique complète.

Pollution de l’air Depuis des années, la région de Gabès souffre de la pollution de l’air et du sol à cause des unités de production opérant, entre autres, dans les secteurs de la chimie. L’impact sur le milieu naturel et la santé des habitants était réel sur la base de diagnostics effectués. Il fallait donc prendre des mesures correctives en vue d’améliorer un tant soit peu la qualité de la vie, tout en continuant à faire fonctionner ces unités qui rapportent à la Tunisie des devises, dans la mesure où les produits sont exportés vers les marchés extérieurs. La concrétisation du développement durable exige certainement des sacrifices de la part des promoteurs qui ont été appelés à investir dans les moyens de protection et de lutte contre la pollution et des habitants. Pollution du littoral La pollution du golfe de Gabès affecte les revenus des pêcheurs, qui se plaignent d’une baisse sensible du volume de la pêche qu’ils attribuent à la pollution avancée du golfe de Gabès et qui les placerait dans un état de précarité économique.

Préservation des ressources hydriques Introduire de nouvelles technologies modernes et propres dans le domaine de la production pour la préservation des ressources hydriques et la maîtrise de l’énergie.

Lutte contre l’origine d’insupportables odeurs nauséabondes Les résultats probants enregistrés par deux expériences pilotes pour éradiquer les mauvaises odeurs émanant des unités de production du GCT, renforcent les chances de réussite de ce projet. La station d’assainissement de Gabès sera réhabilitée.

Les stratégies de remédiation Dans le cadre de développement, des projets innovants, notamment autour des énergies renouvelables du traitement des eaux usées, du traitement des émanations gazeuses et des déchets solides, ainsi que du transfert et de l’adaptation des technologies, vont contribuer à la croissance et la stimulation de l’emploi dans le gouvernorat de Gabès. Gabès envisage donc la création de ce programme afin de traiter les problématiques économiques et environnementales de la région. Il permettra également le développement de compétences scientifiques de haut niveau autour des technologies propres, en partenariat avec la participation des experts internationaux dans ce concours, mettant ainsi son expertise au service du monde de la recherche grâce à :

La gestion de la pollution par la création d’une infrastructure de gestion des données sur la pollution, l’application des données analytiques et des modèles prédictifs pour aider à la réalisation des plans stratégiques et à la prise de décision. Cela inclut la pollution aérienne et hydraulique;

L’identification de modèles industriels écologiques comme l’utilisation d’énergies propres, ou des énergies renouvelables pour la désalinisation de l’eau de mer;

– La modélisation des ressources naturelles (notamment les eaux souterraines) pour une compréhension de leurs natures, capacité, et le travail sur leur sauvegarde;

– La contribution et l’assistance à la mise en place d’un programme de recherche environnementale. Le dispositif s’intitule ‘Mesures pour la divulgation des informations environnementales’. L’idée est de faire participer la population et les ONG au processus, en les invitant à dénoncer les cas d’entreprises non respectueuses des lois environnementales et en rendant l’information publique et transparente. Par ailleurs, les ONG jouent un rôle important en publiant des guides pour expliquer la démarche au public.

Technologies et services environnementaux: des marchés prometteurs
La branche de la protection de l’environnement est un facteur important et de mieux en mieux reconnu
du marché du travail. Elle profite ainsi de l’intérêt croissant des clients étrangers pour les techniques
de l’environnement développées et fabriquées à l’étranger, ainsi que des services spécialisés. Les
techniques de l’environnement, mais aussi de plus en plus le secteur des services environnementaux
de haut niveau, sont devenus un important produit d’importation.

En dehors des pays européens, les exportations se font surtout vers les pays en voie de
développement notamment en raison de la dynamique de son industrialisation et des problèmes
environnementaux croissants.

Parmi les produits les plus connus dans ce domaine, il y a bien sûr les articles plutôt classique des
équipements pour l’épuration de l’eau, la filtration de l’air, la protection contre le bruit, etc. Depuis
quelques années, le secteur des services spécialisés en environnement est aussi en forte croissance.
On peut citer en exemple une entreprise de services très exportatrice, la TÜV Rheinland, qui a acquis
une réputation internationale en proposant des prestations sous forme de conseils dans le domaine
du management de l’environnement. Elle entretient un réseau de filiales à l’international ? où elle a
été la première entreprise à obtenir la certification ISO 14001.

Parmi les engagements librement consentis, il faut compter la mise en place de systèmes de
management environnemental et la participation à des évaluations indépendantes des activités dans
l’environnement (audits) comme la norme internationale ISO 14001 ou le système européen EMAS
(éco-audit).

Les deux systèmes ont remporté un grand succès dans l’industrie européenne. Alors que dans les
années 1990 de nombreuses entreprises ont d’abord adopté les certificats EMAS, c’est la norme
internationale ISO 14001 qui est devenue récemment la plus importante (et intégrée dans le système
EMAS, après sa révision).


Conclusions

 

Une décision politique plus que technique Il est toujours surprenant de constater que certaines grandes branches industrielles ont reconnu trop tard les évolutions internationales, ou ont même fait obstacle à leur développement. Il en est de même pour la politique tunisienne de l’environnement qui a appliqué avec retard les nouvelles directives européennes.

Lutter contre la pollution est plutôt une question de volonté politique Il est encore difficile d’évaluer dans quelle mesure le récent changement de gouvernement va influencer la politique de l’environnement concernant l’industrie.

On peut s’attendre en particulier à des changements concernant la politique énergétique, alors que les questions concernant le secteur économique de la protection de l’environnement ou la problématique des ressources sont déjà depuis longtemps abordées dans les disciplines voisines (économie, sociologie de l’industrie, sciences politiques) et ont trouvé place dans les manuels d’enseignement. Ce champ d’étude a été longtemps négligé par la géographie économique internationale. Ce n’est que dans les dernières années qu’une série de collègues ont attiré l’attention sur ce thème par des recherches et des publications dans des revues reconnues et des ouvrages collectifs.

La science à l’épreuve de la foi Ces initiatives sont citées à titre d’exemple car elles témoignent d’un intérêt croissant de la géographie économique pour les questions d’environnement.

Cette problématique est de plus en plus reconnue comme étant une possibilité de montrer l’importance politique et dans la vie quotidienne de la recherche souvent en collaboration avec des groupes de travail notamment dans les questions des risques environnementaux, de la vulnérabilité, du changement climatique, …